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"N'oubliez pas vos doutes... Méfiez-vous! L'esprit de celui qui croit est un esprit qui stagne.  Il ne se développe pas vers l'extérieur, dans un univers infini."

Frank Herbert, Les hérétiques de Dune

 AVERTISSEMENT
Vous pouvez retrouver l'ensemble de nos "post it" antérieurs en cliquant ICI ou sur la page dédiée au Cabo Verde de notre site personnel www.chazalonchristophe.com.
Bonne lecture à toutes et à tous!
Christophe Chazalon

Electra: un scandale gouvernemental sans précédent au Cabo Verde (2024)

On a eu Icelandair. On a eu CV Interilhas. On a eu Bestfly. Mais là, avec Electra on dépasse les limites.
Le Gouvernement d'Ulysses Correia e Silva se moque comme jamais du peuple cabo-verdien. Explications.

ELECTRA gère une bonne partie de l'électricité et de l'eau au Cabo Verde. C'est en fait, une entreprise monopolistique d'État et c'est aussi, LA PLUS ENDETTÉE DU CABO VERDE. Il existe d'autres compagnies pour l'eau, en particulier, mais qui sont quantité négligeable sur le marché. Avec ELECTRA, on a à faire à un véritable monopole. Donc aucune application de la "loi du marché" si cher à notre cher Ulysses. 
Malheureusement, sous le PAICV tout autant que sous le MpD, ELECTRA, c'est une société en faillite constante, à la gestion catastrophique. L'excuse donnée par le dirigeant en poste est: "la population vole l'électricité, c'est pour cela qu'on est endetté". (web) Bien sûr cette affirmation est sans fondement véritable. Elle est juste un moyen de se dédouaner de l'incompétence crasse de la direction d'ELECTRA a développer l'entreprise et offrir un service basé sur une solide expérience de production d'électricité et d'eau.
Les faits: très simples. ELECTRA perd 25% (voire 35% à Praia, la capitale) de l'électricité qu'elle produit (web)  et pratiquement autant pour l'eau potable. (web) Pourquoi? Pas parce que les gens volent eau et électricité, même si le phénomène au Cabo Verde n'est pas négligeable, loin de là. Non! ELECTRA perd un quart de sa production électrique car ses installations sont vétustes et inadéquate aussi bien pour l'eau que pour l'électricité. (web) La preuve? Elle vient d'être annoncé par le Secrétaire d'État qu'on entend jamais de l'économie agraire, Miguel da Moura: "le Cabo Verde a besoin d'investir 700 millions d'euros pour atteindre un niveau de développement en matière de services des eaux et d'assainissement comparable à ceux de l'OCDE". (web) Et on ne veut faire peur à personne, mais pour l'électricité... c'est pire.
Alors où est le scandale mentionné en titre de ce post it ? Un peu de patience, on y vient.

Mais revenons d'abord, pour bien comprendre la situation, aux défaillances d'ELECTRA and Co. Pour ELECTRA, les Cabo-verdien(ne)s sont des voleurs. Ils/elles volent l'électricité en quantité si importante que la société ne peut payer ses dettes (devenues colossales, on y revient dans un instant). Pour le Gouvernement, propriétaire d'ELECTRA, la cause tient à la démographie. Le Ministre de l'agriculture et de l'environnement justifiait, le 21 mars 2024 dernier, le manque d'eau potable dans la capitale par, nous citons: " une augmentation considérable de plus de 20'000 familles qui ont accédé au service de distribution de l'eau qui n'y avait pas accès avant".   (web) Sauf que, avant leur raccordement, les dites familles trouvaient quand même le moyen d'avoir accès à l'eau, sinon elles seraient parties. On ne peut pas vivre sans eau.
Ce que ne disent ni ELECTRA ni le Gouvernement cabo-verdien, c'est que l'essentiel des pertes d'eau dans le pays tient surtout... à des fuites dans les systèmes de distribution. Ces derniers sont trop vétustes et très mal entretenus faute d'investissement (mais comment investir quand on est endetté et sans argent?). Donc l'eau n'est pas volée par le population, mais elle fuit dans le sol là où le réseau est défaillant.
Ce qui est valable pour l'eau, l'est tout autant pour l'électricité. La perte de 25% de l'électricité produite n'est pas due à un vol massif par la population (même si le vol n'est de loin pas une illusion, surtout à Praia). (web)  Non! La perte est due essentiellement a des installations et un réseau vétuste et mal entretenu. (web) / (web)  Il ne faut pas dire pour autant que rien n'est fait et qu'aucun investissement n'est entrepris par le Gouvernement. (web) Le Gouvernement, à sa totale décharge, effectue un très très gros effort vis-à-vis du développement des énergies renouvelables dans l'archipel, ce qu'on salue vivement car c'est une excellente initiative. Mais il n'ose entreprendre la rénovation complète et progressive des installations électriques ou d'eau.

Où est le scandale alors?
On apprend aujourd'hui que le Gouvernement d'Ulysses Correia e Silva, par un tour de passe passe comptable, éponge la dette d'ELECTRA, mais qu'en plus il double la mise et tout ça... avec de l'argent public.
Depuis quelques temps, suivant les conseils de la Banque Mondiale (BM) et du Fond monétaire international (FMI), le Gouvernement cabo-verdien vend les "bijoux de famille": ports, aéroports ou électricité. Ca fait partie de la logique du monde néo-libéral dans lequel nous vivons. Rien d'anormal, même si cela est extrêmement discutable.

  • ICELANDAIR a été un échec (ils ont quitté le Cabo Verde du jour au lendemain et la population paie les pots cassés en monnaie sonnante et trébuchante).
  • BESTFLY a été un échec (ils ont quitté le Cabo Verde du jour au lendemain et la population paie les pots cassés en monnaie sonnante et trébuchante puisque notre cher Ulysse vient d'annoncer qu'il veut créer une entreprise publique de liaisons aériennes inter-îles, et ceci à peine après avoir privatisé l'espace aérien de l'archipel il y  4 ou 5 ans).
  • CV INTERILHAS est un échec (la population cabo-verdienne paie les bateaux pour que la compagnie privée, à majorité portugaise, fasse des bénéfices aux frais des usagers qui sont aussi des contribuables qui paient les nouveaux bateaux)
Maitenant, le Gouvernement veut privatiser l'électricité, donc ELECTRA. Au lieu de 2 compagnies ELECTRA NORD et ELECTRA SUD, on aura trois structures: (web)

  • Empresa de Produção de Electricidade de Cabo Verde (EPEC), que vai gerir a centrais térmicas
  • Empresa de Distribuição de Electricidade de Cabo Verde (EDEC), que estará ligada às lojas, cortes, ligações e tudo relacionado com clientes
  • Operador Nacional do Sistema Eléctrico de Cabo Verde (ONSEC), responsável pelo centro de despacho, a linha de transporte, a linha alta.
Est-ce une bonne chose ou pas? Là n'est pas la question. Ce qui nous pose problème, c'est que pour pouvoir vendre ELECTRA, il faut qu'ELECTRA soit vendable. Mais on l'a dit: ELECTRA est l'entreprise publique la plus endettée du pays. Et c'est là, que le scandale arrive.
Aujourd'hui, 16 mai 2024, le président du Conseil d'administration d'ELECTRA a annoncé, très très fortement soulagé, il va sans dire, qu'ELECTRA, "qui disposait auparavant d'un capital social négatif de sept millions de contos, dispose désormais d'un capital positif de huit millions de contos (que antes carregava um capital próprio negativo de sete milhões de contos, passa agora a ter capital positivo de oito milhões de contos.)." (web)
Cela ne vous parle pas? Vous ne comprenez pas le tour de passe passe? On vous l'explique.
Qu'est-ce qu'un "capital négatif" pour une entreprise?
D'après le site français Legalstart: "La notion de capitaux propres négatifs est couramment utilisée pour désigner la situation dans laquelle les capitaux propres (ou fonds propres) d'une société deviennent inférieurs à la moitié de son capital social. La société n'a, théoriquement, plus les moyens de financer son exploitation". Est-ce plus clair? ELECTRA est en capital négatif depuis des années, mais vu que c'est une entreprise d'État et un monopole, elle survit. Or, avec un tel "passif", comment voulez-vous qu'un acquéreur se présente pour reprendre l'affaire. 
Alors qu'à fait le Gouvernement d'Ulysses Correia e Silva? Un de ses innombrables tour de passe passe dont il a la clé, comme pour ICELANDAIR, BESTFLY ou CV INTERILHAS. Lisez bien !
Il a accetpé de, nous citons, "convertir les crédits en versements supplémentaires". Autrement dit, l'État (ou "l'argent public" devrait-on dire) a renfloué en un tour de baguette magique la dette d'ELECTRA, mais pas seulement. "Nous parlons de près de 15 millions de contos qui ont été convertis, ce qui signifie qu'Electra, à l'heure actuelle, avec la décision d'aujourd'hui, a cessé d'avoir un capital social négatif de sept millions et dispose désormais d'un capital positif de huit millions (Estamos a falar de quase 15 milhões de contos que foi convertido, significa que a Electra, neste momento, com a decisão de hoje, deixou de ter um capital próprio negativo de sete milhões e passou a ter oito milhões positivos)". 
On parle de "15 millions de contos", soit 15'000'000'000 d'escudos c.v., soit 136'030'000 d'euros !
Oui, oui, oui! Vous avez bien lu ! Le Gouvernement d'Ulysse Correia e Silva qui se plaint qu'il ne peut payer les salaires des enseignants suivant la nouvelle grille tarifaire avant janvier 2025, parce que pas de sous dans les caisses, vient de faire un trafic comptable de 136 millions d'euros à ELECTRA pour la rendre solvable et tout ça... avec l'argent du contribuable. Pas mal non?
Mais il y a pire. Comment cela il y a pire ? C'est possible ? Oui, avec notre cher Ulysses, tout est possible du moment qu'on respecte la sacro-sainte "loi du marché" qui n'a aucune valeur ici puisqu'on parle d'un monopole, rappelons-le.
Qu'est ce que l'argent du contribuable au Cabo Verde? Les Cabo-verdien(ne)s pour l'essentiel sont pauvres. Donc, dans la grande majorité, ils/elles ne paient pas d'impôt, entendons par là, la fiche de déclaration d'impôts annuel qu'il faut remplir en perdant son temps. Sauf qu'en fait, tout(e)s les Cabo-verdien(ne)s paient des impôts au quotidien, qu'ils/elles soient riches ou pauvres. Une idée de génie qu'on appelle la TVA ou "taxe de valeur ajoutée" en France ou IVA au Cabo Verde, "O imposto sobre o valor acrescentado" (web), soit 15% en plus d'impôt pour l'État sur chaque produit. Chaque fois que vous achetez une salade ou de l'essence ou vous payez votre électricité, vous payez la TVA. Personne n'y échappe. C'est l'un des impôts les plus inégalitaires qui soit, mais il renfloue grassement les caisses de l'État. Ainsi, d'après l'OCDE, "la principale source des recettes fiscales au Cabo Verde en 2021 provenait des taxes sur la valeur ajoutée (TVA) (39 %)." (web) Donc quand le Gouvernement fait une ristourne à une compagnie publique comme ELECTRA, il utilise l'argent des contribuables, soit de toute la population car celle-ci paie la TVA.
Là où le cas de figure d'ELECTRA est doublement injuste, c'est qu'en plus d'utiliser l'argent des contribuables pour renflouer très grassement ELECTRA en vue de la vendre au plus offrant, l'État accepte sans discussion ni garde fou que la population soit soumise à la double peine d'une augmentation conséquente du prix de l'électricité à la suite de la privatisation. Aucune privatisation à ce jour dans le monde n'a pas été suivie immédiatement d'une hausse des prix du produit vendu. Aucune. C'est la terrible "loi du marché" qui en fait est plus exactement "la loi du profit". Une entreprise privée qui entre en possession d'une entreprise publique (ou privée) va AUTOMATIQUEMENT et IMMÉDIATEMENT chercher à maximiser les bénéfices, pire encore à les optimiser. Cela se traduit par deux facteurs:

  • AUGMENTATION DES PRIX POUR LES CONSOMMATEURS
  • AUGMENTATION DE L'OPTIMISATION FISCALE, à savoir "payer le moins d'impôts possibles" pour rentabiliser au mieux l'investissement
C'est systématique et sans conteste possible. Donc, au final, le tour de passe passe comptable pour ELECTRA se fait avec l'argent des contribuables, ces mêmes contribuables qui, en plus, verront leur facture d'électricité et d'eau... exploser !
Elle est pas belle la politique d'Ulysses Correia e Silva, hein? N'a-t-il pas raison quand il dit que le MpD fait tout pour la population, son bien-être, son pouvoir d'achat? Eh bien, mes cheres Cabo-verdiennes et Cabo-verdiens que nous adorons tant, je suis désolé pour vous, mais votre pouvoir d'achat... vous pouvez toujours rêver pour qu'il augmente. Ces prochaines années, grâce à la politique MpD d'Ulysses, VOUS ALLEZ PAYER TOUJOURS PLUS, mais rassurez-vous: pauvres ou riches, vous serez tous égaux fasse à l'injustice. Vous m'en voyez navré, mais vous pouvez toujours allez voter pour changer les choses! Enfin, si vous souhaitez que cela change...

Christophe Chazalon
Genève, le 17/05/2024

Cabo Verde: quand le Gouvernement cessera-t-il de prendre les enseignant(e)s pour des imbéciles?  (2024)

Nos post it sur les frasques du Ministre de l'éducation cabo-verdien, Amadeu Cruz, se succèdent, nous surprenant toujours plus face à cette pure mauvaise foi mise à jour dans la bataille qui l'oppose aux enseignant(e)s du pays. Quand Ulisses Correia e Silva prendra-t-il conscience de la vanité et de l'incompétence de son ministre? Nul ne le sait. Petit résumé des derniers jours.
Le 14 mai dernier, Amadeu Cruz annonça sur sa page Facebook, que, enfin!, le Gouvernement allait revoir l'indice 100 du barème de rémunération des enseignant(e)s comme convenu lors du dernier accord passé avec ces derniers. Le salaire plein temps d'un(e) enseignant(e) au bénéfice d'une licence universitaire toucheront désormais 91'000 escudos c.v. (soit environ 820 euros) par mois. Les non diplômés devraient gagner 55'000 escudos c.v. (soit environ 500 euros) par mois, alors que le salaire minimum est de 15'000 escudos c.v pour le privé (6 jours de travail par semaine) et de 16'000 escudos c.v. pour le public (5 jours de travail par semaine) ! Mais quelques jours plus tard, on apprend que les enseignant(e)s sont mécontents de cette décision. Comment, grand Dieu, cela est-il possible, vous demandez-vous? Simplement parce que ces nouveaux salaires ne seront appliqués qu'à partir de... janvier 2025, alors que lors de leur dernière discussion Amadeu Cruz avait promis que les nouveaux salaires seraient appliqués en même temps que la parution au Journal officiel, soit en juin 2024. Il y a donc de quoi être en colère, d'autant plus que plusieurs autres revendications légitimes ne sont toujours pas réglées (progressions stagnantes, transition des enseignant(e)s et subvention pour ne pas réduire la charge horaire).  (web
Et quelle(s) excuse(s) donne le ministre de l'Éducation pour ce délai de mise en place? "L'actualisation de la mise à jour du tableau de rémunération des classes a été actualisée en fonction des possibilités du pays. [...] Le pays donne ce qu'il peut et ce que les contribuables peuvent payer (a actualização da tabela remuneratória da classe foi actualizada de acordo com as possibilidades do país. [...]  O país dá aquilo que pode e que os contribuintes podem pagar)". (web)
Autrement dit, le Gouvernement n'a pas les moyens de sa politique salariale et fait en fonction de l'argent des contribuables et de ses limites. Faut-il le croire? Bien sûr que non et là est la critique virulente de ce post it.

Petit rappel: début avril 2024, le Gouvernement cabo-verdien, sous la direction de son Premier ministre, Ulysses Correia e Silva, a organisé une petite sauterie internationale intitulée "Liberdade, democracia e boa governança: um olhar a partir de Cabo Verde", soit 20 intervenants et environ 200 participants attendus à l'hôtel Hilton de Sal, dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (web)

  • Coût estimé: 55'000'000 d'escudos c.v. (soit environ 500'000 euros)
  • Coût final: 150'000'000 d'escudos c.v. (soit plus de 1'355'000 d'euros) (web)

Or, aujourd'hui, le Gouvernement cabo-verdien nous dit qu'il n'a pas l'argent pour payer décemment les enseignant(e)s de l'archipel, comment le croire? Il peut dépenser 1,35 millions d'euros pour une simple conférence "internationale", mais il manque de sous, les caisses sont vides. Déjà que les chefs des partis de l'opposition cabo-verdiens, PAICV et UCID, n'ont même pas été invités à s'exprimer à cette conférence. (web) En matière de démocratie exemplaire et de bonne gouvernance Ulysses Correia e Silva a encore du chemin à parcourir.
Mais ce n'est pas tout, dans la droite ligne de ce "grand" événement, pour commémorer le 50e anniversaire de l'indépendance cabo-verdienne en 2025, le Gouvernement envisage de financer un "monumento especial" du côté de l'aéroport de Praia pour un montant astronomique qui devrait atteindre les... 120'000 contos c.v. (soit près de 1'085'000 euros - web).  Un peu cher le monument commémoratif pour un Gouvernement sur-endetté et sans le sou qui n'arrive même pas à payer les salaires de ses enseignants dans les temps, pas plus que leur protection sociale INPS (maladie et retraite). De qui se moque-t-on ?

Pourtant, écrit noir sur blanc par les médias à la suite d'une conférence de presse dédiée, malgré ces exemples probants, Monsieur Amadeu Cruz, vous assure que le Gouvernement ne peut pas payer les nouveaux salaires des enseignant(e)s du Cabo Verde avant janvier 2025, faute à une participation des contribuables trop faible, un manque d'argent regretable. Cherchez l'erreur !

La réponse est très simple: l'erreur c'est Amadeu Cruz ! Peut-être serait-il temps que notre cher Ulysses le nomme ambassadeur plénipotentiaire quelque part, histoire de trouver quelqu'un de compétent à sa place pour dynamiser l'éducation nationale qui en a grand besoin car, si notre cher Ulisses ne l'a pas mentionné, il semblerait que la Banque mondiale ait sorti un rapport plutôt accablant sur la politique cabo-verdienne en matière de Santé et... d'Éducation. (web)  N'est-il pas? D'après le journal Expresso das ilhas qui y a eu accès, "le Cabo Verde a une note de 0,53, ce qui signifie qu'« on peut s'attendre à ce qu'un enfant né aujourd'hui au Cap-Vert ne soit productif qu'à 53% lorsqu'il grandira par rapport à ce qu'il pourrait être (potentiellement) s'il avait joui d’une éducation complète et d’une santé totale » (Cabo Verde tem uma classificação de 0,53 o que significa que “se pode esperar que uma criança nascida hoje, em Cabo Verde, seja apenas 53 por cento produtiva quando crescer comparativamente com o que poderia ser (em potencial), se tivesse desfrutado de uma educação completa e de uma saúde plena”)". Ce rapport souligne que "lorsqu'on considère ce que les enfants apprennent réellement au Cabo-Verde, les années de scolarisation adaptées aux apprentissages tombent à seulement 6,9 années, ce qui signifie que, tout au long de leur scolarité, il y a près de quatre années pendant lesquelles les enfants ne sont pas en mesure d'acquérir l’apprentissage attendu, ce qui se traduit par un retour sur investissement limité. [...] Seuls 30,6% des étudiants de 2e année ont pleinement atteint le niveau de performance attendu en lecture ; les performances en mathématiques étaient encore plus faibles, avec seulement 3,3% des élèves atteignant pleinement le niveau de performance attendu dans ce domaine". 
Mais ce rapport, le Gouvernement cabo-verdien... n'en parle pas !

Christophe Chazalon
Genève, le 16/05/2024

Cabo Verde, une démocratie en perdition? (2024)


Eh oui ! Nous y revoilà, les marronniers journalistiques de printemps : le classement Reporters sans frontières (RSF) de la liberté de la presse dans le monde. Alors, le Cabo Verde, pays rêvé des journalistes ? Pas vraiment. En 2023, l'archipel est classé 41e / 180, soit son plus mauvais score depuis... 2009! (web) Bravo le MpD ! Quelle merveilleuse politique en matière de liberté journalistique, s'il en est, avec une chute quasi vertigineuse de 8 places malgré des réformes tous azimuts en matière de médias cabo-verdiens.

Petit retour en arrière histoire de casser vertement la méthode Coué dont le MpD use et abuse depuis 2016. "Nous on fait tout bien !", "Nous on a toujours tout juste !", "Notre politique, c'est LA politique, la meilleure !", "Les classements ne sont que des classements, rien de plus. S'ils sont bons, c'est parce qu'on est bon. S'ils sont mauvais, c'est parce qu'ils sont mauvais, biaisés, truqués, pas assez informés, mal informés, dirigés, pas conscients des efforts consentis et de la politique menée !", "Regardez du temps du PAICV. Nous, c'est bien meilleur !" Etc. Sauf que, en matière de liberté de la presse, les meilleures places ont été obtenues en 2011 et 2012, années où le Cabo Verde était classé 9e et qu'il était dirigé par le... PAICV ! Oops ! Et qu'avec cette 41e place, le Cabo Verde retrouve son classement du début des années 2000. Et enfin, que le MpD n'est jamais descendu en-dessous de la 25e position... Mais méthode Coué, on vous dit! Le MpD, c'est les meilleurs. On ne peut pas allez contre ça ! 
Et si cela ne suffisait pas, pour toutes celles et tous ceux qui ne comprendraient pas cette logique imparable et manifeste, le Vice-Premier ministre et Ministre des Finances, Olavo Correia, rétorque, pour que cela soit bien clair: "on ne peut ignorer les avancées de la nation et en amplifier les aspects négatifs, et [appelle] au respect des institutions pour ne pas mettre en péril la réputation du Cabo Verde [não se pode ignorar os avanços da nação e ampliar os aspectos negativos, e apelou ao respeito às instituições para não colocar em causa a reputação de Cabo Verde]".  (web) Ainsi, même si la politique du Cabo Verde est mauvaise et qu'elle est dénoncée par des instances publiques internationales ou privées, il en va de l'honneur du pays, de sa réputation, de son prestige, il faut appliquer la "méthode chinoise" cette fois, et non plus Coué. À une simple vérité déplaisante et négative opposer systématiquement une fausse-vérité positive et agréable, un mensonge donc ! Alors, qui que vous soyez ne critiquez jamais le Gouvernement MpD du Cabo Verde. Dites juste haut et fort que tout va très bien et que le Cabo Verde est parfait, même si ce n'est pas le cas ! Faut-il répéter ?
Le VIce-Premier ministre et Ministre des Finances est un adepte des zéros bancaires et un professionnel de la "méthode chinoise", tout sauf démocratique il est vrai. Alors s'il vous plaît M. Ulisses Premier Ministre, rendez-nous notre gentil Ministre de la Santé, Arlindo do Rosário, originaire de notre belle île de Santo Antão et exilé en ambassade en Chine, et remplacez-le par le Vice Xi Jinping's V.S.O.P et Ministre des Finances qui y sera très bien au Pays du Soleil Levant, où il rendra d'excellents services à la Nation, ces perles de l'Atlantique que sont le Cabo Verde, et où, après quelques années, il pourra atteindre la classe X.O., aussi vrai que dans les milieux sélects et très privés de Praia la Capitale que nous avons eu la chance de fréquenter, son surnom est "Cognac [Koniak]", ce que la liberté de la presse européenne nous permet de dévoiler librement et sans contraintes. Si le Cabo Verde se targue d'être le premier pays démocratique du continent africain, il ne doit avoir cure de la "méthode chinoise". Contentons-nous de la "méthode Coué" déjà bien critiquable en de nombreux points et optimisons, par la même, l'utilisation du Vice-Ministre et Ministre des Finances, Olavo "Koniak" Correia sem Silva, pour le bien du pays et pour ne pas obliger les citoyennes et citoyens cabo-verdiens ni les médias ou  l'opposition à mentir-faux, à créer de ces "fake-news" détestables contre lesquelles, on va le voir ci-après, même le MpD dit vouloir lutter !

Réactions à l'annonce de cette plongée officielle
Bien sûr l'opposition (PAICV, UCID...) et les journalistes  (web) ont immédiatement décrié l'action du Gouvernement  et la politique d'Ulisses Correia e Silva, et se contre-fichent de l'ordre du Vice-Premier ministre et Ministre des Finances (peut-on ajouter "à juste titre" ?) Mais le plus instructif et au final détestable, c'est l'attitude tout à la fois condescendante et pleine de suffisance du MpD, et pire cette façon de prendre les gens (comprendre le peuple) pour des imbéciles. Et on vous l'assure, la réaction vaut le détour tellement elle est dénuée d'intelligence et c'est peu de le dire. D'ailleurs, elle n'a pas été formulée par le Premier Ministre, ni par le Vice-Premier ministre et Ministre des finances, mais par le "bouffon du roi" de service, le Secrétaire d'État, adjoint du Premier Ministre pour la Communication sociale, Lourenço Lopes. Il faut que toute l'opposition et toute la population du Cabo Verde, dans et hors pays, retiennent cette phrase car ils auront d'innombrables raisons de la ressortir ces prochains mois, ces prochaines années:  (web)

"Comme nous l’avons toujours dit, on ne se vante pas quand on monte dans le classement et on ne tombe pas dans la dépression quand on descend  [Como temos dito, sempre, não nos vangloriamos quando subimos no ‘ranking’ e não caímos em depressão quando descemos]."
Petit rappel, un exemple parmi tant d'autres: le 1er mars 2024, à l'occasion de l'annonce du 51e classement Freedom in the World, dans lequel le Cabo Verde se classait 92e, le secrétaire du parti MpD, Luís Carlos Silva, s'exclamait "Cette réalisation nous remplit non seulement de fierté, mais souligne également l'engagement inébranlable de notre pays envers les principes de liberté, de démocratie et de droits de l'homme  [Este feito não só nos enche de orgulho, mas também destaca o compromisso inabalável do nosso País com os princípios da liberdade, democracia e direitos humanos]." Et d'ajouter très modestement: "La position éminente du Cabo Verde n'est pas seulement un motif de célébration, elle nous rappelle également l'importance de continuer à prendre soin, à protéger et à améliorer notre démocratie  [A posição de destaque de Cabo Verde não é apenas um motivo de celebração, é também um lembre da importância de continuarmos a cuidar, proteger e aprimorar a nossa democracia]." Pour sûr, il ne se vantait pas ! (web)

Quoi qu'il en soit, fier de lui, le MpD, car Lourenço Lopes est finalement le porte-parole du parti, face au désistement ultra-volontaire d'Ulisses Correia e Silva qui une fois encore n'a pas le courage d'assumer les défaillances de sa politique, fier de lui, disions-nous, le Secrétaire d'État ajoute: "Notre pays a l'honneur de cultiver l'autonomie et l'indépendance des médias, en veillant à ce qu'ils puissent remplir leur rôle vital dans la société, sans crainte de représailles d'aucune sorte  [O nosso País tem a honra de cultivar a autonomia e independência dos meios de comunicação social, garantindo que eles possam cumprir seu papel vital na sociedade, sem medo de represálias de qualquer espécie].”
Et nous d'ajouter, "oui, oui, oui ! C'est pour cela que RSF a déclassé le Cabo Verde de huit places en matière de liberté de la presse, parce que le Gouvernement MpD "à l'honneur de cultiver l'autonomie et l'indépendance des médias", sans cela le Cabo Verde aurait probablement gagné une demi-douzaine de places, voire une dizaine, se classant parmi les 25 pays les plus favorables à la liberté de la presse." Nous tromperions-nous ?
Outre le fait que le MpD ne mentionne à aucun moment la question du "pourquoi cette chute de huit places", (à quoi bon se poser cette question puisque le Gouvernement fait tout bien pour favoriser la liberté de la presse, il le dit et le répète, pourquoi imaginer le contredire ou l'ignorer ?), le MpD avance ses pions en tentant de détourner l'attention sur les vrais "méchants". Ainsi toujours d'après Inforpress, Lopes a déclaré "qu'il est nécessaire de réfléchir sur la réalité du journalisme national sous l'impact des influences internationales les plus négatives et que "on ne peut pas" ignorer les défis globaux qui menacent la liberté de la presse dans le monde, avec l'augmentation dans la désinformation et les "fausses nouvelles"  [que é preciso reflectir sobre a realidade do jornalismo nacional sob o impacto das mais negativas influências internacionais, e que "não se pode" ignorar os desafios globais que ameaçam a liberdade de imprensa em todo o mundo, com o aumento da desinformação e das “fake news”]."

Toutefois, les journalistes présents durant cette conférence de presse du Secrétaire d'État n'étant pas dupes ni nés de la dernière pluie, ont interrogé Monsieur MpD du jour "sur la culture du secret au Cabo Verde et sur la restriction de l'accès à l'information publique, qui apparaît dans le rapport de RSF  [sobre a cultura do sigilo em Cabo Verde, e a restrição do acesso às informações públicas, que constam no relatório da RSF]." Et que répond notre "bouffon du roi" ? D'après vous, que peut-il bien répondre ? Allez ! C'est pas difficile ? "Méthode Coué" on vous dit depuis des mois ! La "méthode Coué" est, après la "loi du marché", l'obsession et la seconde règle d'or de noble Ulisses Correia e Silva. La réponse du Secrétaire d'État est "qu'il existe une "gouvernance ouverte et transparente", tant du point de vue des affaires publiques, que de l'information  [que há uma "governação aberta e transparente", quer do ponto de vista da coisa pública, bem como da informação]". Autrement dit : "tout va bien, Madame la Marquise ! Pas de soucis. La culture du secret au Cabo Verde et la restriction de l'accès à l'information publique relevées par RSF n'existent pas. Ce sont des balivernes, du rêve, de la fantaisie, pure imagination. On ne comprend d'ailleurs pas, nous MpD, pourquoi RSF dit cela. Peut-être se sont-ils trompés de pays? Ne parlent-ils pas plutôt de l'Afghanistan ? Ou peut-être du Niger ? Mais pour sûr, ce n'est pas le Cabo Verde. Ici, au Cabo Verde, c'est le MpD qui gouverne et on vous l'assure, vrai de vrai, comment déjà.... "il existe une "gouvernance ouverte et transparente", tant du point de vue des affaires publiques, que de l'information." Une preuve ? Le 21 février 2024, le vice-président de la Direction du groupe parlementaire du MpD, son Excellence Celso Ribeiro, s'exclamait avec emphase et superbe, à la tribune: "la vision stratégique, la transparence, la "responsabilisation", la "conformité", la prévisibilité et la résilience sont les piliers centraux ou, si l'on préfère, l'exposant maximum de cette gouvernance, reconnue dans le monde entier, que ce soit par la communauté internationale ou par les partenaires au développement – multilatéraux. et bilatéraux, à tous les niveaux  [a visão estratégica, a transparência, “accountability”, “compliance”, a previsibilidade e a resiliência são os pilares nucleares ou, se quiserem, o expoente máximo desta governação, reconhecido um pouco por todo o mundo, seja pela comunidade internacional, seja pelos parceiros para o desenvolvimento - multilaterais e bilaterais, em todos os níveis]." (web) Sauf que RSF, dit que la transparence, ben c'est... Et ailleurs, on se pose aussi des questions. (web)

Alors, ma foi, que pouvons-nous faire si tout va bien, hein ! M. le Premier Ministre ? Ah, je sais : voter MpD à toutes les prochaines élections, car, vrai de vrai, encore une fois, au Cabo Verde, il n'y a rien de mieux que le MpD, le nec plus ultra, le must, le top, promis, juré, craché, imaginez, non pas l'excellence, mais l'excellence de l'excellence. Ca le fait. Ce n'est quand même pas rien. Et puisqu'on vous le dit et que même les journalistes vous le rapportent quotidiennement en véhiculant nos messages, n'est-ce pas là la preuve qu'ils sont libres et qu'il n'y a ici aucun secret gardé secret ?

En attendant en Palestine, au Darfour, au Rwanda-Congo, au Yémen, en Afghanistan et dans plein d'autres endroits du monde, des gens meurent de faim, des femmes et des enfants sont torturés, violés, ou simplement massacrés impunément sous le regard totalement indifférent des "grands" de ce monde qui nous dirigent... Alors, le manque de liberté de le presse au Cabo Verde toujours plus flagrante, à quoi bon s'en soucier ? On finira tous au même endroit. "Rien ne se perd, rien ne se crée. Tout se transforme", n'est-il pas ?

Christophe Chazalon
Genève, le 05/05/2024

Merci à toutes et tous!

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