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"N'oubliez pas vos doutes... Méfiez-vous! L'esprit de celui qui croit est un esprit qui stagne.  Il ne se développe pas vers l'extérieur, dans un univers infini."

Frank Herbert, Les hérétiques de Dune

 AVERTISSEMENT
Vous pouvez retrouver l'ensemble de nos "post it" antérieurs en cliquant ICI ou sur la page dédiée au Cabo Verde de notre site personnel www.chazalonchristophe.com.
Bonne lecture à toutes et à tous!
Christophe Chazalon

Cabo Verde, une démocratie en perdition? (2024)


Eh oui ! Nous y revoilà, les marronniers journalistiques de printemps : le classement Reporters sans frontières (RSF) de la liberté de la presse dans le monde. Alors, le Cabo Verde, pays rêvé des journalistes ? Pas vraiment. En 2023, l'archipel est classé 41e / 180, soit son plus mauvais score depuis... 2009! (web) Bravo le MpD ! Quelle merveilleuse politique en matière de liberté journalistique, s'il en est, avec une chute quasi vertigineuse de 8 places malgré des réformes tous azimuts en matière de médias cabo-verdiens.

Petit retour en arrière histoire de casser vertement la méthode Coué dont le MpD use et abuse depuis 2016. "Nous on fait tout bien !", "Nous on a toujours tout juste !", "Notre politique, c'est LA politique, la meilleure !", "Les classements ne sont que des classements, rien de plus. S'ils sont bons, c'est parce qu'on est bon. S'ils sont mauvais, c'est parce qu'ils sont mauvais, biaisés, truqués, pas assez informés, mal informés, dirigés, pas conscients des efforts consentis et de la politique menée !", "Regardez du temps du PAICV. Nous, c'est bien meilleur !" Etc. Sauf que, en matière de liberté de la presse, les meilleures places ont été obtenues en 2011 et 2012, années où le Cabo Verde était classé 9e et qu'il était dirigé par le... PAICV ! Oops ! Et qu'avec cette 41e place, le Cabo Verde retrouve son classement du début des années 2000. Et enfin, que le MpD n'est jamais descendu en-dessous de la 25e position... Mais méthode Coué, on vous dit! Le MpD, c'est les meilleurs. On ne peut pas allez contre ça ! 
Et si cela ne suffisait pas, pour toutes celles et tous ceux qui ne comprendraient pas cette logique imparable et manifeste, le Vice-Premier ministre et Ministre des Finances, Olavo Correia, rétorque, pour que cela soit bien clair: "on ne peut ignorer les avancées de la nation et en amplifier les aspects négatifs, et [appelle] au respect des institutions pour ne pas mettre en péril la réputation du Cabo Verde [não se pode ignorar os avanços da nação e ampliar os aspectos negativos, e apelou ao respeito às instituições para não colocar em causa a reputação de Cabo Verde]".  (web) Ainsi, même si la politique du Cabo Verde est mauvaise et qu'elle est dénoncée par des instances publiques internationales ou privées, il en va de l'honneur du pays, de sa réputation, de son prestige, il faut appliquer la "méthode chinoise" cette fois, et non plus Coué. À une simple vérité déplaisante et négative opposer systématiquement une fausse-vérité positive et agréable, un mensonge donc ! Alors, qui que vous soyez ne critiquez jamais le Gouvernement MpD du Cabo Verde. Dites juste haut et fort que tout va très bien et que le Cabo Verde est parfait, même si ce n'est pas le cas ! Faut-il répéter ?
Le VIce-Premier ministre et Ministre des Finances est un adepte des zéros bancaires et un professionnel de la "méthode chinoise", tout sauf démocratique il est vrai. Alors s'il vous plaît M. Ulisses Premier Ministre, rendez-nous notre gentil Ministre de la Santé, Arlindo do Rosário, originaire de notre belle île de Santo Antão et exilé en ambassade en Chine, et remplacez-le par le Vice Xi Jinping's V.S.O.P et Ministre des Finances qui y sera très bien au Pays du Soleil Levant, où il rendra d'excellents services à la Nation, ces perles de l'Atlantique que sont le Cabo Verde, et où, après quelques années, il pourra atteindre la classe X.O., aussi vrai que dans les milieux sélects et très privés de Praia la Capitale que nous avons eu la chance de fréquenter, son surnom est "Cognac [Koniak]", ce que la liberté de la presse européenne nous permet de dévoiler librement et sans contraintes. Si le Cabo Verde se targue d'être le premier pays démocratique du continent africain, il ne doit avoir cure de la "méthode chinoise". Contentons-nous de la "méthode Coué" déjà bien critiquable en de nombreux points et optimisons, par la même, l'utilisation du Vice-Ministre et Ministre des Finances, Olavo "Koniak" Correia sem Silva, pour le bien du pays et pour ne pas obliger les citoyennes et citoyens cabo-verdiens ni les médias ou  l'opposition à mentir-faux, à créer de ces "fake-news" détestables contre lesquelles, on va le voir ci-après, même le MpD dit vouloir lutter !

Réactions à l'annonce de cette plongée officielle
Bien sûr l'opposition (PAICV, UCID...) et les journalistes  (web) ont immédiatement décrié l'action du Gouvernement  et la politique d'Ulisses Correia e Silva, et se contre-fichent de l'ordre du Vice-Premier ministre et Ministre des Finances (peut-on ajouter "à juste titre" ?) Mais le plus instructif et au final détestable, c'est l'attitude tout à la fois condescendante et pleine de suffisance du MpD, et pire cette façon de prendre les gens (comprendre le peuple) pour des imbéciles. Et on vous l'assure, la réaction vaut le détour tellement elle est dénuée d'intelligence et c'est peu de le dire. D'ailleurs, elle n'a pas été formulée par le Premier Ministre, ni par le Vice-Premier ministre et Ministre des finances, mais par le "bouffon du roi" de service, le Secrétaire d'État, adjoint du Premier Ministre pour la Communication sociale, Lourenço Lopes. Il faut que toute l'opposition et toute la population du Cabo Verde, dans et hors pays, retiennent cette phrase car ils auront d'innombrables raisons de la ressortir ces prochains mois, ces prochaines années:  (web)

"Comme nous l’avons toujours dit, on ne se vante pas quand on monte dans le classement et on ne tombe pas dans la dépression quand on descend  [Como temos dito, sempre, não nos vangloriamos quando subimos no ‘ranking’ e não caímos em depressão quando descemos]."
Petit rappel, un exemple parmi tant d'autres: le 1er mars 2024, à l'occasion de l'annonce du 51e classement Freedom in the World, dans lequel le Cabo Verde se classait 92e, le secrétaire du parti MpD, Luís Carlos Silva, s'exclamait "Cette réalisation nous remplit non seulement de fierté, mais souligne également l'engagement inébranlable de notre pays envers les principes de liberté, de démocratie et de droits de l'homme  [Este feito não só nos enche de orgulho, mas também destaca o compromisso inabalável do nosso País com os princípios da liberdade, democracia e direitos humanos]." Et d'ajouter très modestement: "La position éminente du Cabo Verde n'est pas seulement un motif de célébration, elle nous rappelle également l'importance de continuer à prendre soin, à protéger et à améliorer notre démocratie  [A posição de destaque de Cabo Verde não é apenas um motivo de celebração, é também um lembre da importância de continuarmos a cuidar, proteger e aprimorar a nossa democracia]." Pour sûr, il ne se vantait pas ! (web)

Quoi qu'il en soit, fier de lui, le MpD, car Lourenço Lopes est finalement le porte-parole du parti, face au désistement ultra-volontaire d'Ulisses Correia e Silva qui une fois encore n'a pas le courage d'assumer les défaillances de sa politique, fier de lui, disions-nous, le Secrétaire d'État ajoute: "Notre pays a l'honneur de cultiver l'autonomie et l'indépendance des médias, en veillant à ce qu'ils puissent remplir leur rôle vital dans la société, sans crainte de représailles d'aucune sorte  [O nosso País tem a honra de cultivar a autonomia e independência dos meios de comunicação social, garantindo que eles possam cumprir seu papel vital na sociedade, sem medo de represálias de qualquer espécie].”
Et nous d'ajouter, "oui, oui, oui ! C'est pour cela que RSF a déclassé le Cabo Verde de huit places en matière de liberté de la presse, parce que le Gouvernement MpD "à l'honneur de cultiver l'autonomie et l'indépendance des médias", sans cela le Cabo Verde aurait probablement gagné une demi-douzaine de places, voire une dizaine, se classant parmi les 25 pays les plus favorables à la liberté de la presse." Nous tromperions-nous ?
Outre le fait que le MpD ne mentionne à aucun moment la question du "pourquoi cette chute de huit places", (à quoi bon se poser cette question puisque le Gouvernement fait tout bien pour favoriser la liberté de la presse, il le dit et le répète, pourquoi imaginer le contredire ou l'ignorer ?), le MpD avance ses pions en tentant de détourner l'attention sur les vrais "méchants". Ainsi toujours d'après Inforpress, Lopes a déclaré "qu'il est nécessaire de réfléchir sur la réalité du journalisme national sous l'impact des influences internationales les plus négatives et que "on ne peut pas" ignorer les défis globaux qui menacent la liberté de la presse dans le monde, avec l'augmentation dans la désinformation et les "fausses nouvelles"  [que é preciso reflectir sobre a realidade do jornalismo nacional sob o impacto das mais negativas influências internacionais, e que "não se pode" ignorar os desafios globais que ameaçam a liberdade de imprensa em todo o mundo, com o aumento da desinformação e das “fake news”]."

Toutefois, les journalistes présents durant cette conférence de presse du Secrétaire d'État n'étant pas dupes ni nés de la dernière pluie, ont interrogé Monsieur MpD du jour "sur la culture du secret au Cabo Verde et sur la restriction de l'accès à l'information publique, qui apparaît dans le rapport de RSF  [sobre a cultura do sigilo em Cabo Verde, e a restrição do acesso às informações públicas, que constam no relatório da RSF]." Et que répond notre "bouffon du roi" ? D'après vous, que peut-il bien répondre ? Allez ! C'est pas difficile ? "Méthode Coué" on vous dit depuis des mois ! La "méthode Coué" est, après la "loi du marché", l'obsession et la seconde règle d'or de noble Ulisses Correia e Silva. La réponse du Secrétaire d'État est "qu'il existe une "gouvernance ouverte et transparente", tant du point de vue des affaires publiques, que de l'information  [que há uma "governação aberta e transparente", quer do ponto de vista da coisa pública, bem como da informação]". Autrement dit : "tout va bien, Madame la Marquise ! Pas de soucis. La culture du secret au Cabo Verde et la restriction de l'accès à l'information publique relevées par RSF n'existent pas. Ce sont des balivernes, du rêve, de la fantaisie, pure imagination. On ne comprend d'ailleurs pas, nous MpD, pourquoi RSF dit cela. Peut-être se sont-ils trompés de pays? Ne parlent-ils pas plutôt de l'Afghanistan ? Ou peut-être du Niger ? Mais pour sûr, ce n'est pas le Cabo Verde. Ici, au Cabo Verde, c'est le MpD qui gouverne et on vous l'assure, vrai de vrai, comment déjà.... "il existe une "gouvernance ouverte et transparente", tant du point de vue des affaires publiques, que de l'information." Une preuve ? Le 21 février 2024, le vice-président de la Direction du groupe parlementaire du MpD, son Excellence Celso Ribeiro, s'exclamait avec emphase et superbe, à la tribune: "la vision stratégique, la transparence, la "responsabilisation", la "conformité", la prévisibilité et la résilience sont les piliers centraux ou, si l'on préfère, l'exposant maximum de cette gouvernance, reconnue dans le monde entier, que ce soit par la communauté internationale ou par les partenaires au développement – multilatéraux. et bilatéraux, à tous les niveaux  [a visão estratégica, a transparência, “accountability”, “compliance”, a previsibilidade e a resiliência são os pilares nucleares ou, se quiserem, o expoente máximo desta governação, reconhecido um pouco por todo o mundo, seja pela comunidade internacional, seja pelos parceiros para o desenvolvimento - multilaterais e bilaterais, em todos os níveis]." (web) Sauf que RSF, dit que la transparence, ben c'est... Et ailleurs, on se pose aussi des questions. (web)

Alors, ma foi, que pouvons-nous faire si tout va bien, hein ! M. le Premier Ministre ? Ah, je sais : voter MpD à toutes les prochaines élections, car, vrai de vrai, encore une fois, au Cabo Verde, il n'y a rien de mieux que le MpD, le nec plus ultra, le must, le top, promis, juré, craché, imaginez, non pas l'excellence, mais l'excellence de l'excellence. Ca le fait. Ce n'est quand même pas rien. Et puisqu'on vous le dit et que même les journalistes vous le rapportent quotidiennement en véhiculant nos messages, n'est-ce pas là la preuve qu'ils sont libres et qu'il n'y a ici aucun secret gardé secret ?

En attendant en Palestine, au Darfour, au Rwanda-Congo, au Yémen, en Afghanistan et dans plein d'autres endroits du monde, des gens meurent de faim, des femmes et des enfants sont torturés, violés, ou simplement massacrés impunément sous le regard totalement indifférent des "grands" de ce monde qui nous dirigent... Alors, le manque de liberté de le presse au Cabo Verde toujours plus flagrante, à quoi bon s'en soucier ? On finira tous au même endroit. "Rien ne se perd, rien ne se crée. Tout se transforme", n'est-il pas ?

Christophe Chazalon
Genève, le 05/05/2024

Merci à toutes et tous!

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